Villa grecque Kerylos

La Villa Kérylos est issue d'une rencontre : celle d'un mécène érudit et d’un architecte :Théodore Reinach (1860-1928) et Emmanuel Pontremoli (1865-1956). 

De ce rêve d'antique est née une villa originale. Théodore Reinach était le plus jeune de trois frères surdoués d’une famille de banquiers venue de Francfort. De sa passion pour la Grèce naît le projet de construire une villa grecque à Beaulieu-sur-Mer, non loin de la Villa Ephrussi de Rothschild. Madame Reinach était en effet la nièce du baron Maurice Ephrussi.

A sa mort en 1928, Théodore Reinach lègue la Villa Kérylos à l’Institut de France, dont il était membre. Ses enfants et petits-enfants l’habitent jusqu’en 1967, date à laquelle elle est classée Monument Historique. Théodore Reinach propose à Emmanuel Pontremoli son projet fou et d'emblée, le jeune architecte est séduit mais aussi conscient des difficultés : « Je savais, écrit-il en 1934, et les expériences déjà tentées me le faisaient amplement sentir, que toute restauration, reproduction, reconstitution, d'une demeure du passé est vide de sens si on s'attache exclusivement à ce qu'on croit être la vérité, ou la prétendue vérité archéologique. Je savais aussi que cette recherche est vaine, vouée au plus irrémédiable échec, puisque, dès les premières tentatives, le document exact, probant, ferait défaut, et que dès lors, tout s'évanouirait par manque de bases certaines ». Pas question donc de copier, mais bien de réinventer la Grèce.

La liberté est le seul mot d'ordre pour réussir cette entreprise, qui a été de longue haleine puisqu'il fallut six années à l’architecte, de 1902 à 1908, pour réaliser ce chef d’oeuvre. Loin d’être une simple reproduction des nobles demeures de l’île de Délos, la Villa Kérylos est plutôt une réinvention de la Grèce antique. Il ne s’agit pas pour les deux hommes de faire une copie mais de créer une oeuvre originale en « pensant grec ». Emmanuel Pontremoli fait la preuve de son génie en aménageant subtilement au milieu du luxe antique le confort moderne des villas de la Belle Epoque : le bassin du balaneion est alimenté en eau par des robinets dissimulés sous des grilles rondes et la mécanique de l’étonnant piano pliant conçu par Pleyel est cachée dans un coffre en citronnier.

La Villa Kérylos est ainsi un lieu magique chargé de mémoire offrant un regard très vivant sur la culture antique, et un témoin de la Belle Epoque. Conçue sur le modèle des maisons nobles de l’Ile de Délos au IIe siècle avant J.-C., la Villa Kérylos est une invitation au voyage au coeur de l’antiquité grecque. Tout, de l’organisation des espaces au raffinement de la décoration, a été pensé dans le but de recréer l’atmosphère d’une luxueuse villa grecque. A l’image des habitations méditerranéennes, la Villa Kérylos s’organise autour du péristyle, vaste cour centrale entourée de douze colonnes monolithes en marbre blanc de Carrare. Autour de la villa, le jardin offre une vue splendide sur la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat et ses magnifiques demeures. Il présente un choix harmonieux de végétation grecque : oliviers et vignes, grenadiers, caroubiers, acanthes et myrtes, lauriers-roses et iris, pins et cyprès, palmiers et papyrus recréent l’atmosphère grecque, sous le soleil de la Côte d’Azur".